Spanghero Plan social et offres de reprise au menu vendredi
TOULOUSE, 27 juin 2013 (AFP) - Les deux projets de reprise de la société Spanghero à Castelnaudary dans l'Aude, menacée de disparaître à cause du scandale de la viande de cheval, sont examinés aujourd'hui lors d'un comité d'entreprise, quelques jours avant une audience cruciale devant le tribunal de commerce de Carcassonne.
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Convoqué par l'administrateur judiciaire, ce comité d'entreprise se déroulera vendredi matin en deux parties: la première sera consacrée à l'examen des deux projets et la seconde aux mesures d'accompagnement du plan de sauvegarde de l'emploi, qui concerne en l'état l'ensemble des 230 salariés. Mais à n'en pas douter, tout le monde, des élus du personnel aux salariés, auront en tête l'audience du 2 juillet devant le tribunal de commerce de Carcassonne, qui étudiera les deux dossiers de reprise, celui de Laurent Spanghero et celui soutenu par les salariés avec Delpeyrat notamment. Le tribunal décidera, dans les jours suivants, d'en retenir un ou aucun.
La société Spanghero, qui faisait vivre 360 personnes avant la crise, a brutalement sombré après avoir été désignée par le gouvernement à la mi-février comme un acteur majeur du scandale européen de la viande de cheval frauduleusement vendue comme du boeuf. Elle a été placée en liquidation judiciaire en avril avec maintien de l'activité pendant trois mois jusqu'en juillet. Deux offres de reprise partielle ont été déposées, prévoyant toutes deux de sauvegarder entre 80 et 100 emplois dans les deux branches de la société, la préparation de plats cuisinés et la découpe et transformation de viande.
La première émane de Laurent Spanghero, 74 ans, qui a fondé l'entreprise avec son frère avant de la céder à la coopérative basque Lur Berri en 2009. Associé à un promoteur immobilier narbonnais, Jacques Blanc, et au cabinet de conseil Investeam, son projet reprendrait les activités de l'usine, sous un autre nom encore à définir, mais dans des dimensions réduites, et y ajouterait une gamme végétale. Le second projet a été monté par des salariés avec le renfort notable de deux industriels, Delpeyrat et Deveille. L'offre prévoit que Delpeyrat (foie gras plats cuisinés), filiale landaise du groupe coopératif Maïsadour, reprenne les plats cuisinés, notamment pour fabriquer du cassoulet de Castelnaudary haut de gamme, tandis que la société Deveille, de Feurs (Loire), spécialisée dans la transformation de la viande (abattage, steaks, saucisses) reprendrait l'activité similaire de Spanghero.
« On est prêt à y investir 2 millions d'euros dans le temps et 1,5 million en besoins de fond de roulement pour relancer l'activité », a déclaré mercredi le président de Delpeyrat, Thierry Blandinières, tout en soulignant que sa société ne pourrait prendre à sa charge l'ensemble des dettes de Spanghero, 11 millions selon lui. A la veille de ce comité d'entreprise, M. Spanghero a haussé le ton, assurant que les « dés étaient pipés » au profit de son concurrent. L'avocat des salariés Me Jean-Marc Denjean a balayé ces critiques : l'administrateur va présenter les deux projets de reprise au CE, qui pourra émettre un avis consultatif, mais il reviendra au seul tribunal de commerce de trancher, a-t-il rappelé. Le comité d'entreprise doit également se pencher sur le plan de sauvegarde de l'emploi et devrait constater l'impasse des négociations.
Lur Berri, qui propose une enveloppe globale de 1,3 million d'euros de mesures d'accompagnement, assure avoir fait le maximum et ne pas être en mesure d'accéder aux exigences des salariés. Mais les salariés, durement éprouvés et déterminés à faire payer Lur Berri, jugent ces mesures « méprisantes ». Elles reviennent, selon eux, à verser une indemnité de 2.000 euros en tout pour chaque salarié licencié, alors que les représentants du personnel demandent 1.000 euros par année d'ancienneté, soit une enveloppe globale d'environ 3 millions d'euros. « La somme que l'on demande ne peut en rien déstabiliser les finances du groupe Lur Berri (...) J'essaye de contacter les responsables de Lur Berri (pour les faire venir au CE, Ndlr) mais je pense que je vais devoir lancer un avis de recherche », a expliqué à l'AFP Jérôme Lagarde, secrétaire (FO) du CE, excédé par le silence de la coopérative.
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